Quels sont les impacts prévisibles des résultats des élections européennes pour les PME ?

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Comme on pouvait s’en douter, les élections européennes qui ont eu lieu au mois de juin, ont largement rebattu les cartes en ce qui concerne les courants politiques représentés au Parlement européen. Avec les partis de droite qui progressent et les centristes pro-européens qui perdent du terrain, il est plus que probable que cela aura un impact significatif sur la vision politique au sein de l’Union Européenne au cours des cinq prochaines années compliquant ainsi une approche consensuelle, augmentant ainsi l’incertitude pour les entreprises.

En résumé :

  • Les résultats des élections européennes du mois de juin ont significativement modifié le paysage politique.

  • Avec un Parlement plus fragmenté, les priorités commerciales et économiques en Europe seront remises en cause ainsi que la vision politique et législative.

  • La stratégie à l’échelle européenne pour la croissance des PME et leur capacité à accéder à des financements sera un enjeu clé de la nouvelle démarche industrielle.

  • Il est crucial que les chefs d’entreprises se tiennent informés des impacts de ces changements sur leur activité.

  • Quoi qu’il advienne arrive à l’échelle européenne, les PME vont devoir être agiles et résilientes pour capitaliser sur les opportunités qui s’offrent à elles au sein de leur écosystème.

Même si la bascule du Parlement européen à droite avait été anticipée par tous les experts, les résultats soulignent des changements significatifs au sein du paysage politique européen. Les élections de cette année se sont déroulées dans un contexte dans lequel les attentes en matière de réforme de l’Union Européenne se sont démultipliées, avec la montée d'un "euroscepticisme mou" pour changer l’Europe de l’intérieur (vs une volonté de type Brexit). Même la droite européenne n’arrive pas à constituer une majorité parlementaire ni se répartir les postes clés, l’impact de ces résultats sur les résolutions politiques sera quant à lui bien visible avec des conséquences plus que probables pour les entreprises opérant en Europe.

Quel est l’impact sur la politique et la vision de l’UE ?

Une fragmentation et une polarisation au sein du Conseil et du Parlement européen, couplée avec l’absence d’un majorité claire et solidaire, signifie que les résolutions politiques vont être plus complexes et nécessiter plus de temps pour aboutir, ce d’autant plus sur les enjeux sur lesquels les partis de droite sont traditionnellement opposés, tels que les politiques en matière de développement durable ou la fiscalité.

D'une manière générale, la bascule à droite de l’UE va vraisemblablement impliquer une approche plus protectionniste « l’Europe en 1er », dans la continuité de l’autonomie stratégique et la sécurité économique. Les gouvernements les plus nationalistes et les députés européens vont probablement s’opposer à une plus grande centralisation du pouvoir au sein de l’UE, par exemple lorsqu’il s’agit de défense ou d’un approfondissement du marché européen unique, y compris en matière de marché unique des capitaux.

Quel est l’impact sur la stratégie industrielle ?

Il semble évident que toute notion de sécurité économique dépendra d’une stratégie qui satisfait les membres. La bascule à droite laisse supposer que la compétitivité économique et la stratégie industrielle va revêtir une importance croissante pour les pays. Le Green Deal européen, sur lequel la Présidente de la Commission Européenne a misé lors de son précédent mandat, est désormais en danger après les élections.

Le Green Deal, ainsi que la loi sur la restauration de la nature (Nature Restoration Law) récemment adoptée et le projet d'échange de droits d'émission de carbone dans l'agriculture, ont joué un rôle important dans la montée du soutien à l'extrême droite parmi les agriculteurs européens, dans la mesure où ils considèrent comme trop onéreux les coûts liés à la mise en place des politiques vertes. Le nouveau Parlement sera probablement plus favorable aux agriculteurs ainsi qu’à de nombreuses industries plus traditionnelles, telles que l’automobile, dans la mesure où ils constituent leur base électorale.

Malgré ces désaccords, la Commission Européenne affirme que l’UE doit présenter un front uni face à des concurrents tels que la Chine ou les Etats-Unis, en particulier si Donald Trump venait à être réélu à la Maison Blanche. En effet, il est de notoriété publique que l'Union européenne doit notamment se doter d'une stratégie industrielle unifiée afin de rester un acteur majeur pour les produits verts et numériques.

Quelle sera la démarche à l’égard des PME ?

Une part importante de la stratégie industrielle de l’Europe à l’égard de ses 25 millions de PME, qui représentent 99% de toutes les entreprises, emploient 100 millions de collaborateurs (dont 2/3 dans le secteur privé) et contribuent à 56 % du PIB de l’UE. Qu’il s’agisse d’entreprises industrielles traditionnelles ou de start-up high tech, la population des PME est très variée, couvre un vaste champ de secteurs d’activités et de modèles de développement.

En mars 2020, la Commission Européenne a soumis une stratégie pour les PME en faveur d’une Europe plus durable et plus digitale, dont l’objectif premier consistait à rendre l’Europe la plus attractive pour créer une entreprise et la développer. Cette stratégie s’appuie sur trois piliers principaux : le renforcement des capacités et le soutien à la transition vers la durabilité et la numérisation ; la réduction de la charge réglementaire et l'amélioration de l'accès au marché ; et l'amélioration de l'accès aux financements.

Cette stratégie a été renforcée en septembre 2023 avec le « Relief Package » pour les PME afin de focaliser sur leurs enjeux spécifiques et de favoriser leur compétitivité et leur résilience. Le “Relief Package” tenait également compte des enjeux spécifiques des TPE, avec notamment les retards de paiement, une fiscalité simplifiée, un environnement favorable aux investissements et au recrutement des collaborateurs les plus qualifiés. Cette stratégie va se développer au cours du prochain mandat parlementaire, dans la mesure où la première des priorités de la Commission récemment élue va être de nommer un représentant dédié à ce sujet.

Quel sera l’impact probable sur le commerce ?

Lorsqu’il s’agit de la politique commerciale de l’UE, le Parlement européen est en charge d’approuver les accords de libre-échange avant qu’ils ne soient promulgués et le changement parlement pourrait avoir une incidence sur la réussite d’un éventuel accord commercial.

Un certain nombre d’accords est toujours en attente de validation, tels que celui avec le Mexique et le bloc sud-américain. La Commission européenne cherche également à conclure des accords avec des pays comme l'Australie. Tous ces accords, et celui avec le Mercosur en particulier, ont fait l’objet de nombreuses oppositions et les faire approuver par le Parlement européen risque d’être encore plus difficile.

De son côté, la Commission européenne affirme qu’il est indispensable de disposer de plus d’accords de ce type avec des partenaires fiables pour compenser les pertes subies avec la Russie et réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine.

Quel pourrait être l’impact réglementaire ?

La Présidente de la Commission européenne fraichement réélue, Ursula von der Leyen, va devoir trouver le juste équilibre entre les différentes parties prenantes. La compétitivité économique des entreprises va être un enjeu clé pour le prochain mandat de la Commission européenne et, à ce titre, de nombreuses voix vont s’élever pour réclamer une pause réglementaire, en particulier dans les secteurs pour lesquels il y a eu une effervescence réglementaire durant le précédent mandat.

Cependant, proposer de nouvelles lois constitue le cœur de l’activité de la Commission européenne et les législateurs vont avoir à cœur de laisser leur empreinte, ce qui entrainera vraisemblablement un accroissement des initiatives au fur et à mesure de l’avancement du mandat. De nouvelles réglementations vont incontestablement continuer à être crées, mais leur implémentation risque d’être difficile dans un contexte d'une incertitude accrue et une diversité croissante de points de vue.

Les PME en particulier ont dû faire preuve d’une résilience et d’une agilité particulières pour faire face aux enjeux des 5 dernières années. » selon Cédric Bizet, Directeur Commercial et Relation Clients chez ABN AMRO Commercial Finance en France. “Ces compétences seront plus que jamais nécessaires pour s’adapter aux obstacles et saisir les opportunités dans ce contexte politique changeant avec des impacts économiques plus que probables. »

Bien que l’incertitude soit toujours un défi pour les chefs d’entreprise, il y aura forcément de nouvelles opportunités de développement pour les PME dans les années à venir. La reconnaissance par l’UE de la valeur des PME et son engagement pour construire un écosystème innovant dans lequel elles puissent opérer dans les meilleures conditions possibles est une source d’optimisme. Néanmoins, les chefs d’entreprise doivent rester conscients de la manière dont les changements politiques européens et nationaux influencent les fondamentaux de leur activité tels que recruter une main-d'œuvre qualifiée, conserver et développer la confiance de leurs clients et être à l’affut de nouvelles opportunités commerciales. »

Pour les entreprises de toute taille, et en particulier pour les PME, les périodes de turbulences politiques peuvent être déstabilisantes. Être à l’écoute et se préparer à ces défis est une première étape nécessaire pour les traverser avec succès. Pour en savoir plus, découvrez les avantages des financements adossés en temps de crise : 5 avantages des financements adossés en temps de crise - ABN AMRO Bank (abnamrocomfin.com)